dimanche 8 décembre 2013

Ma vie avec Liberace : Magic Michael

La prestation époustouflante de Michael Douglas participe pour beaucoup à la très grande réussite de ce biopic kitsch et émouvant.




Scott Thorson (Matt Damon) est un enfant adopté. Un jour d'été 1977, sa route croise celle de Liberace (Michael Douglas), un pianiste virtuose et superstar qui fait de ses concerts au Las Vegas Hilton des shows démesurés. Scott est engagé par Liberace comme secrétaire particulier. Malgré leur différence d'âge et de condition sociale, ils vont se rapprocher, jusqu'à devenir amants. C'est le début d'une relation cachée qui durera cinq années, entre sexe, jalousies, apparences et fascination...

Flamboyant et décalé

Liberace est la rock star du piano. Il donne des concerts dans le monde entier. Il est l'une des incarnations les plus flamboyantes et plus décalé des seventies. Cet artiste à part mène une vie en conformité avec son personnage. En public, il donne l'image d'un homme inaccessible, iconique. En privé, il multiplie les amants tout en jouant les divas. Un jour, sa route croise celle de Scott Thorson. Il fera de ce jeune éphèbe son secrétaire particulier, avec qui rapidement une relation amoureuse se développera. Complices au début, Liberace assoit peu à peu son emprise sur son compagnon, jusqu'à lui «remodeler» le visage par la chirurgie esthétique. Il pense le contrôler, et va jusqu'à vouloir en faire son héritier. Mais les choses vont peu à peu lui échapper. Cette relation est secrète, car Liberace est une célébrité, et l'homosexualité à l'époque étant encore diversement perçu, il ne voulait pas que cela nuise à la carrière qu'il s'est forgé.

Un personnage vu sous le prisme du regard de Thorson, car c'est de son point de vue qu'est raconté l'histoire, sa relation amoureuse et les extravagances de Liberace. Cela souligne le contraste entre les deux mondes et apporte décalage et humour. Car Scott Thorson est un enfant adopté qui est complètement étranger au milieu du show-business. Sa rencontre avec la star du piano va le faire rentrer dans ce milieu, ses strass et paillettes, mais aussi ses apparences, ses mensonges, ses faux semblants. Il se fait même refaire le visage. Pour autant, il gardera son innocence, sa candeur et son recul sur un monde dans lequel il ne se fondra jamais tout à fait. Il reste l'homme de l'ombre. Mais un homme qui saura se rendre indispensable à Liberace (et son chien, Baby Boy). Aussi personnel soit le portrait, il est néanmoins assez honnête sans être hagiographique. Et c'est avant tout l'histoire d'un couple.

Une photographie de l'homosexualité

Un couple montré sous un angle « banal », et non traité sous l'angle de la différence. Leurs discussions sont celles que peuvent avoir n'importe quel couple. « Ce qui est moins banal, c'est le cadre dans lequel ces discussions avaient lieu », souligne le réalisateur, Steven Soderbergh, qui s'est pour ce film aidé du livre de Scott Thorson Behind the Candelabra. Un couple d'apparence solide malgré les différences, mais qui va peu à peu s'avérer être ce qui va les séparer de manière irréversible. Au travers d'eux, c'est une photographie de l'homosexualité de l'époque qui apparaît en creux. En effet, dans les années 70, elle était encore très diversement acceptée. C'est pourquoi la relation entre Liberace et Scott est restée secrète, et que le célèbre pianiste nia son homosexualité lorsque lui et son amant rompent et que ce dernier réclama une pension. L'hétérosexualité était presque une exigence pour séduire le public.

Mais exigeant est également le terme que l'on peut employer pour qualifier la prestation de Michael Douglas, qui propose ici un Liberace grandiose et qui ne se prend pas au sérieux. Le pas de côté de la réalisation, puisque l'histoire est racontée du point de vue de Scott, permet ce ton léger et humoristique, n'abordant que mieux, sous la légèreté apparente, des sujets plus sérieux, notamment la drogue, l'homosexualité et le sida. Mais les parts plus sombres, plus intimes du pianiste sont également évoquées, sans pour autant là encore trop s'appesantir. En bref, un plaisir de cinéma où crève à l'écran l'envie, pour le réalisateur de Sexe, mensonge et vidéo et de la série des Ocean's, pour son nouveau (et dernier?) film, de se faire plaisir et de faire plaisir sous un déluge de couleurs et de musique. Le tout enrobé sous une pointe d'admiration de Steven Soderbergh pour son sujet, aussi débordant d'exubérance que génial artiste de divertissement de son temps.



Au-delà du simple biopic ou bien encore de la peinture d'une certaine industrie du spectacle de l'époque, le réalisateur américain Steven Soderbergh nous livre une production pop où les deux acteurs principaux s'en donnent à cœur joie sans peur du ridicule. Un pur divertissement dans lequel l'humour et la gravité s'entremêlent sans se vampiriser. Un biopic qui rend un vibrant et souriant hommage à une immense star réhabilitée de façon intelligente et honnête. 






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