Sensiblement plus réussi
que le premier volet, les aventures de Bilbon Saquet et ses amis
gagne en suspense et en aventures romanesque.
Le film débute par un
retour en arrière. Dans le village de Bree, le magicien Gandalf
annonce à Thorin Ecu-De-Chêne que sa tête est mise à prix et
qu'il est temps pour lui de réunifier les Royaumes Nains pour
récupérer un bijou, l'Arkenstone, gardé par le dragon Smaug. Douze
mois plus tard, Thorin, Bilbon et leurs amis sont toujours poursuivis
par l'orque Azog et sa troupe, alors qu'ils se dirigent vers la Forêt
Noire. Ce dernier, désigné chef par le Nécromancien, charge un
autre orque, Bolg, de les traquer...
Héros de western
Un an après le début de
ses aventures, Bilbon le sympathique Hobbit est de retour et son
histoire redémarre là où on l'avait laissé. Toujours traqué par
les Orques, lui et ses amis sont à la recherche de l'Arkenstone, une
pierre brillante et puissante. Mais celle-ci est sous la bonne garde
du dangereux dragon Smaug, qui pourrait commettre d'énormes dégâts
et semer la terreur si il était réveillé. Piégés par des
araignées géantes, ils seront sauvés par notre héros, qui les
libérera grâce au pouvoir d'invisibilité de l'anneau. Il se
servira une nouvelle fois de celui-ci pour aider ses compagnons à
s'évader après qu'ils aient été enfermés dans des geôles par
des Elfes, dont Legolas et Tauriel l'Elfe féminine. Ces derniers
finiront tout de même par les seconder lors de l'attaque des troupes
de Borg. Cette histoire, plus que la première partie, est centrée
sur le personnage de Bilbon, héros solidaire mais solitaire au cœur
d'une quête collective.
Que ce soit lors de
l'attaque des araignées, face aux Elfes ou à Smaug, ou encore pour
résoudre de complexes énigmes, et même si ses aventures
s'inscrivent dans une dynamique de groupe, il est seul. Tel un héros
de western qui débarque sur son cheval dans une ville pour la
nettoyer des bandits de grands chemin avant de repartir une fois sa
mission accomplie, il accomplit sa tâche sans aide. Car si lui peut
appuyer ses camarades dans la réussite de leurs objectifs, eux en
revanche ne peuvent pas grand chose pour lui. En usant du pouvoir
magique de l'anneau, il bénéficie de son invisibilité pour aider
les Nains à se dépêtrer des situations dans lesquelles ils se sont
retrouvés. Ces derniers lui apportent en échange des solutions pour
avancer sur la route du succès, comme une forme de récompense de
son altruisme. Mais c'est sa solitude au milieu de ses alliés qui,
peu à peu, entraîne notre hobbit autant que l'histoire vers la
noirceur.
Magie destructrice
Cette lutte des forces du
bien contre celles du mal se matérialise ici entre autre dans un
combat d'influence psychique. Bilbon lutte contre le pouvoir
extraordinaire mais également destructeur de l'anneau. Un combat
intérieur entre la volonté de contrôle personnel et la soumission
à la magie destructrice de l'objet. Ici, nous sommes dans le duel du
«qui possède qui», presque comme une drogue, l'anneau représentant
l'addiction. Ce combat invisible pour les Nains affecte le hobbit,
mais pas encore au point de mettre la quête en péril. Une quête
qui s'assombrit à chaque pas que font nos héros. Traqués par les
Orques, obligés de batailler contre un dangereux dragon, les dangers
s'accumulent et s'amplifient au fur et à mesure que l'histoire se
dirige vers sa résolution, les rebondissements permanents qui
rythment le film s'inscrivant dans un schéma scénaristique
classique inhérent au genre codifié de l'Héroïc Fantasy.
Pour ce second volet de
la trilogie du « Hobbit », tiré de l'univers de Tolkien, Peter
Jackson ne déroge pas à la règle qui fait de ce genre de film un
succès : humour et action. Dans la stricte et cohérente lignée du
premier volet ainsi que du Seigneur des anneaux, il séduit
ceux dont l'univers est déjà familier. Une suite d'aventures menées
sans temps morts qui épate visuellement et dont la dimension globale
n'efface en rien les destinées personnelles. Même si l'on peut
pinailler sur des impératifs commerciaux (introduction d'une Elfe,
Tauriel, interprété par Evangeline Lilly, pour attirer un public
féminin ; le divertissement familial privilégié parfois au
détriment d'une plus grande complexité du film), il n'en reste pas
moins une réussite, y compris dans l'interprétation, Martin Freeman
incarnant un hobbit volontaire mais portant ses doutes intérieurs
comme un fardeau. A noter le « retour »
de Legolas (Orlando Bloom).
Plaisant et
spectaculaire, le second volet de la trilogie du Hobbit touche le but
que le film s'était fixé : nous faire passer un agréable moment.
Si l'on peut regretter son côté un peu trop calibré pour séduire
totalement, l'univers de Tolkien est toujours aussi bien restitué et
maîtrisé, avec une virtuosité captivante. Les héros poursuivent
une quête que le spectateur prend toujours autant de plaisir à
suivre. On attend désormais avec impatience décembre 2014 pour la
conclusion de leurs aventures.