mercredi 4 septembre 2013

Baz Luhrmann : Magnifique "Gatsby"


Le réalisateur de « Moulin Rouge » signe une nouvelle adaptation très réussie du roman culte de Francis Scott Fitzgerald.




1922. Nick Carraway, jeune écrivain, s'installe à New York, ville de tous les possibles, auprès des milliardaires qui y vivent. Là-bas, il y revoit sa cousine Daisy, ainsi que le mari de celle-ci, Tom Buchanan. Un soir, Nick participe à l'une des soirées mondaines organisées par son mystérieux et richissime voisin, Jay Gatsby. Grâce à cette rencontre, il va se retrouver plongé au cœur d'un univers fascinant, fait d'excès, de fêtes, de mensonges, de tromperies et d'oubli.

Témoin de son temps
Nick Carraway (Tobey Maguire) n'a rien d'un arriviste. S'il vient à New York, c'est uniquement parce que c'est là que tout se passe, le centre névralgique du mouvement post - Première Guerre mondiale, l'épicentre d'une époque qui se trémousse au son d'une musique jazz dont la popularité ne fait que croître. Plus qu'un écrivain, il se fait le chroniqueur, le témoin privilégié de son temps, extérieur d'abord, puis intérieur au fil de ses rencontres, notamment avec Jay Gatsby (Leonardo Di Caprio). Tous deux ont des intérêts entendus et communs à leur amitié. Une amitié qui va les mener à tous les excès. Personnage principal au début du film, Nick s'effacera progressivement derrière Gatsby au fur et à mesure de l'évolution de la découverte de ce milliardaire étrange et impénétrable, dont les secrets peu à peu dévoilés vont mener Nick à une cruelle désillusion, à la fin de sa naïveté, et à la perte définitive de son innocence.

Discret au début, afin d'éviter de trop s'exposer, Gatsby va voir au fil de l'histoire le voile se déchirer sur la personnalité factice qu'il s'était forgé, sur l'esquisse qu'il s'était dessiné et dont il croyait les traits solides. Mais les contours étaient trop grossiers pour faire illusion éternellement. Derrière le masque du dandy se cache en effet un homme qui tente par tous les moyens d'échapper à sa condition et de s'élever dans un monde ou le paraître prend le pas sur l'être, où les gens sont jugés à leur condition sociale, leur portefeuille, leurs belles toilettes. Et Gatsby a très bien compris que c'est en construisant un monde de fêtes dans un château de contes de fées pour adultes que se jouent tous les enjeux de pouvoir, d'alliances plus ou moins solides. Personne n'est dupe de cette bulle, mais tout le monde fait comme si. Chacun y trouve son compte. C'est sur cet éphémère que compte Gatsby pour séduire la belle Daisy (Carey Mulligan).

Atmosphère de clair-obscur
L'éphémère, la légèreté semble être ce qui caractérise le «Gatsby» de Baz Luhrmann. Mais en grattant un peu, sous la couche de superficialité qui imprègne la première partie du film, nous est montré une histoire plus sombre aux personnages plus décadents qu'ils n'apparaissent de prime abord. En jouant sur les contrastes et les faux semblants, le réalisateur australien joue les virtuoses de l'équilibre et laisse s'instaurer une atmosphère faite de clair-obscur et de décalages anachroniques, comme en atteste par exemple l'utilisation de la musique, dont des chansons de Beyonce pour ne citer qu'elle (le même procédé a déjà été utilisé dans le passé pour Moulin Rouge). Le scénario est finalement parfaitement en accord avec le personnage de Gatsby : séduisant et riche mais qui cache bien son jeu et se révèle très complexe. A l'instar des relations ambiguës qui relient les personnages entre eux.

A commencer par la relation de fascination entre Gatsby et Nick. Ce dernier, tout d'abord intrigué, va peu à peu se laisser envoûter par le charisme que dégage le milliardaire, et lui restera fidèle jusqu'au bout. Gatsby le considère comme son seul ami, même si il est difficile de savoir si cela est vrai ou s'il s'agit d'un de ses mensonges pour l'amadouer. Car Gatsby a besoin de lui pour approcher sa cousine Daisy, une femme dont il est tombé éperdument amoureux et qu'il veut séduire en l'impressionnant, d'où les immenses fêtes dans sa demeure. Il entre alors en conflit avec Tom, qui lui-même trompe Daisy. Sous les apparences d'homme puissant, Gatsby est surtout un homme romantique qui se laisse aveugler par ses sentiments et qui veut croire que Daisy finira tôt ou tard par quitter son mari pour lui. Mais Gatsby est un homme profondément seul qui utilise des armes factices comme atout et qui se révéleront insuffisantes.


Entre fastes kitsch et gigantesque et drame intimiste, le réalisateur de Roméo + Juliet trouve un parfait équilibre. Superbement raconté, il trouve un ton juste et très personnel pour raconter une histoire déjà connue. Popularisé par Robert Redford, le personnage de Gatsby est campé par un Leonardo Di Caprio qui ne cherche aucunement à copier son aîné, mais au contraire en fait une nouvelle lecture tout à fait passionnante. Tout concourt à faire de ce film une réussite à la fois spectaculaire et crépusculaire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire